Résilience Alimentaire

Résilience alimentaire française
La résilience se définit comme "l'aptitude à assurer sa sécurité alimentaire en résistant aux chocs et aux perturbations". A l'échelle du territoire national, elle est liée à la politique d'aménagement du territoire. Mais comme l'explique Stéphane Linou dans son étude "Résilience alimentaire et sécurité nationale": "Maintenir et répartir les activités et richesses sur le territoire national a été une volonté, sous la forme d'infrastructures (routes, autoroutes, réseaux électriques, voies ferrées, lignes téléphoniques puis haut débit, adductions d'eau potable, etc...) mais il n'a nullement été question de maintenir et de répartir des infrastructures nourricières, comme si se nourrir n'était ni une question de territoire, ni de richesse d'ailleurs, puisque la thématique de l'agriculture est encore régulièrement reléguée, dans les commissions de travail des collectivités locales, sous le chapeau du "paysage"... Effectivement, dans les documents de planification, sont quantifiés les besoins en logement, en crèches, en zones commerciales, en stations d'épuration, en routes, en cinéma, en châteaux d'eau, ... mais jamais les besoins en nourriture!"
Selon lui, cette impasse semble être due à l'excès d'énergie dense et bon marché qu'est le pétrole. Le système alimentaire européen est essentiellement industriel et totalement dépendant des énergies fossiles comme vu avec notre yaourt à la fraise, énergies importées à...99%!
Pablo Servigne rappelle dans son étude "Comment nourrir l'Europe en temps de crise" :
"En 1940, avec une calorie d'énergie, on produisait 2,3 calories de nourriture. Aujourd'hui, il faut 7,3 calories d'énergie pour produire une calorie de nourriture. L'agriculture industrielle doit continuellement augmenter ses dépenses énergétiques simplement pour maintenir le niveau de production..." "nos systèmes alimentaires transforment du pétrole en nourriture, littéralement nous mangeons du pétrole, aux USA, l'agriculture représente 17% du budget énergétique, c-à-d 2 fois plus que l'armée..." "On peut s'attendre à des variations spectaculaires des prix de l'énergie à la hausse, avant d'entrer dans une période d'éventuelles ruptures d'approvisionnement." 
 Ce que confirme le PDG de Total, Patrick Pouyanné: « Après 2020, on risque de manquer de pétrole ».
Source:  "Résilience alimentaire et sécurité nationale" Stéphane Linou )

Sur le Plan Réglementaire et Administratif
Sur le plan réglementaire, on observe que la vulnérabilité alimentaire territorialisée est absente de la Loi de 2004 sur la Modernisation de la Sécurité Civile. Loi qui pourtant rappelle par son article 1er que "la sécurité civile a pour objet la prévention des risques de toute nature, l'information et l'alerte des populations ainsi que la protection des personnes, des biens et de l'environnement contre les accidents, les sinistres et les catastrophes par la préparation et la mise en œuvre de mesures et de moyens appropriés relevant de l'Etat, des collectivités territoriales et des autres personnes publiques ou privées". 
Elle est aussi absente du Plan de Prévention des Risques, des Plans communaux de sauvegarde préconisés par la loi de 2004 ( dont le DICRIM est le document d'information sur les risques majeurs qui vise à informer la population sur les risques qu'elle encourt). Elle est aussi absente du site gouvernemental sur la prévention des risques majeurs, absente aussi des schémas départementaux d'analyse et de couverture des risques (SDACR), et absente de la récente Loi Agriculture et Alimentation (EGALIM).
Enfin les PAT (plans alimentaires territoriaux ) instaurés par la Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 répondent à l'enjeu d'ancrage territorial de l'alimentation et revêtent les conventionnelles dimensions économique, environnementale et et sociale. 
La notion de résilience alimentaire y est totalement absente. 
( Source: "Résilience alimentaire et sécurité nationale" Stéphane Linou )

L'Agriculture vivrière.

Face à une période de transition comme celle dans laquelle nous nous trouvons, le plus pragmatique est de s’appuyer sur les systèmes agricoles industriels comme ceux majoritairement présents en Occident, mais parallèlement de lancer des systèmes de production vivrière autour des villes et dans les campagnes qui pourront se développer plus massivement en cas de besoin. La production agricole est un bien commun auquel tout le monde doit pouvoir participer, ce fut le cas d'ailleurs dans le modèle de société agraire pré-pétrole.
C’est donc une démarche stratégique d’instaurer dès aujourd’hui un début de système vivrier périurbain. Les professionnels étant pour la plupart soumis à une inertie structurelle forte et des contingences financières complexes, ce sont donc les citoyens qui doivent s'emparer de la question alimentaire, étant les premiers concernés. 
L'agriculture vivrière est une agriculture essentiellement tournée vers l'auto-consommation et l'économie de subsistance. La production n'est destinée ni à l'industrie agroalimentaire ni à l'exportation. Elle est en grande partie auto-consommée par les paysans et la population locale. Elle favorise la biodiversité et est majoritairement présente dans les pays du sud. Elle est, depuis des temps immémoriaux, la forme d'agriculture la plus répandue dans le monde, faisant appel à la connaissance populaire. Elle est autonome, n'utilise pas de chimie et est donc la plus pérenne pour la faune, la flore, l'environnement et les hommes.. En Tanzanie, par exemple, pays en grande majorité agricole, le savoir traditionnel est à l'origine de 90 % des semences plantées. Ce savoir traditionnel, naguère décrié au nom de la modernité, tend à être de plus en plus pertinent. Ce modèle agraire couvre jusqu'à 75 % voire 80 % de la production dans certaines régions du globe. L'agriculture vivrière et extensive s'intègre largement dans le cadre d'une économie de subsistance, contrastant avec l'agriculture industrielle et intensive, qui livre sa production comme matière première à l'agro-industrie et à l'agroalimentaire, et aussi à l'agriculture commerciale, qui est insérée dans un système de commercialisation à l'échelle nationale et internationale, et suppose une logistique adaptée (transport, silos de stockage...). On parle d'agriculture vivrière d'autoconsommation lorsque la production est principalement consommée par le paysan qui la met en œuvre et d'agriculture vivrière commerciale lorsque la production est principalement vendue sur les marchés locaux.


Agir
Le jardin, amortisseur des crises
La crise en Grèce depuis 2008, a entraîné un « retour » vers les activités agricoles et pastorales. Des retraités dont les pensions ont été réduites de plus de 30 %, des actifs ayant perdu leur emploi mais conservé des attaches rurales, ont trouvé dans l'agriculture la possibilité de se nourrir et d'avoir une petite activité marchande. L'activité agropastorale complétée par de multiples petits « boulots », fait alors figure « d'amortisseur social » de la crise (effet déjà constaté dans les Pays de l'Est). Ce phénomène se développe en Grèce, mais ses conséquences sur l'évolution des productions, des activités et des relations sociales à l'échelle locale sont récentes et restent encore peu étudiées. 
En Russie, environ les trois quarts des urbains partagent leur vie entre l’appartement, le lieu de travail, et le jardin avec sa datcha. D’avril à septembre, des millions de citadins vivent au jardin, les uns à temps plein, d’autres les fins de semaines. Le jardin fut un amortisseur des crises, notamment lors de l'effondrement de l'URSS. Avec les 16,4 millions de lopins paysans, les 14,6 millions de jardins recensés fournissaient au milieu de la décennie 1990 près de la moitié de la valeur de la production alimentaire. Toutes les variétés de fruits et de légumes y sont cultivées. Les betteraves rouges, carottes, choux, navets et pommes de terre sont stockés dans les caves. Les autres légumes sont transformés en confitures et autres conserves stockées dans les appartements. Diverses plantes médicinales sont également séchées ou mises en conserve. Le surplus est donné à la famille et aux amis, ou vendu sur les marchés et le long des routes. 
Aux USA, et globalement dans tous les pays en conflit lors de la Seconde Guerre mondiale, le rationnement est de vigueur. Dès le printemps 1942 aux États-Unis, les jardins de la victoire sont au cœur de la campagne nationale Food Fights for Freedom (la guerre de la nourriture pour la liberté). La femme du président des États-Unis, Eleanor Roosevelt, en assure la promotion en cultivant un jardin potager sur la pelouse de la Maison Blanche. Les Américains sont de nouveau invités à cultiver leurs propres fruits et légumes mais aussi à lutter drastiquement contre le gaspillage alimentaire. Près de 20 millions de « jardiniers de la victoire » ont assuré 30% à 40% de la production nationale de légumes à cette époque.
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